L’avènement du mois du jeûne, Ramadan, est un événement qui rythme l’année des musulmans à travers le monde. Au Maroc, le mois de la piété s’accompagne de la surconsommation de certains produits dont le lait et dérivés avec tous les risques sanitaires et économiques que cela comporte.
Au moment où les chiffres du ministère de l’agriculture évaluent la production globale du lait à 2,5 milliards de litres, les usines de transformation n’en captent que 1,4 milliards. C’est donc, pas moins de 30% de la production laitière qui transite par le circuit du colportage. Laiteries, cafés et particuliers s’y approvisionnent. L’attrait ‘’lait de ferme’’ séduit le consommateur. Malgré les libertés prises avec les normes d’hygiène, le phénomène ne suscite aucune réaction du contrôle sanitaire. Du coup, tous les mélanges sont admis pour un rendement maximal : eau, additifs alimentaires et bien d’autres. Le tout, acheminé via des moyens rudimentaires à l’atmosphère ambiante.
Sensibiliser sur ‘’les risques liés à la consommation de lait et dérivés issus de l’informel’’, c’est récupérer une partie de la production traitée par ce circuit et éviter un certain nombre de contaminations et maladies dûes à cette consommation.
Ainsi, ISOLAB projette la lumière sur les vertus du lait traité par les industries laitières modernes et avise le consommateur des produits laitiers qui dérivent du colportage.
Le lait cru représente un milieu favorable de la croissance de nombreux microorganismes présents, notamment des bactéries pathogènes. Ainsi, le contrôle de la qualité hygiénique du lait s’avère d’une grande importance pour la santé du consommateur. Une grande partie du lait cru, produite dans la région de la ville de Casablanca, est vendue par les colporteurs. Ce circuit informel de commercialisation du lait peut dépasser 32% des quantités du lait consommées dans certaines villes. En outre, ce lait qui ne subit aucun contrôle microbiologique, pourrait transmettre des maladies d’origine microbienne dont l’agent causal peut être une Salmonella, une Listeria Monocytogènes, un Staphylococcus Aureus, un Campylobacter, un Yersinia Pathogène, une Escherichia Coli ou un Clostridium Botilunum.
Plusieurs études réalisées sur des échantillons de lait de colportage et des produits qui en dérivent assurent la présence te traces de débris et de sédiments, d’une charge bactérienne (qui peuvent venir de l’animal ou du matériel utilisé pour traire) et des produits chimiques (antibiotiques, détergents…).
Si l’académie américaine de la pédiatrie veut interdire la vente de produits laitiers au lait cru, c’est sûrement à cause de leurs effets néfastes sur la santé.
En terme de chiffres, le centre anti poison et de pharmacovigilance du Maroc a notifié en 2008, 1642 cas d’intoxications associées aux produits laitiers informels dont deux décès. La consommation du lait et des produits laitiers à base de lait cru est un facteur de risque bien identifié.
En France, l’investigation épidémiologique et microbiologique des infections alimentaires a mis en exergue que ces produits constituent un risque accru de survenue de pathologie. Le ‘’lben’’ est considéré l’aliment le plus soupçonné, aussi bien dans les intoxications sporadiques que collectives.
Lors du congrès portant sur la qualité et bienfaits du lait et produits laitiers au Maroc qui à eu lieu à Mohammedia à la date du 24 Mai 2017, l’office national de la sécurité sanitaire des aliments a déclaré que 30% du volume du lait provient de voies non officielles. Selon l’ONSSA, la qualité hygiénique du lait et cruciale pour produire du lait et des produits laitiers sûrs et qui conviennent à leurs utilisations prévues.
Pour atteindre cette qualité dans un souci quotidien de l’excellence et la mise à disposition en sortie d’usine des produits de qualité conforme aux attentes des clients, les grandes industries laitières s’engagent à appliquer des bonnes pratiques d’hygiène tout au long de la filière laitière via des tests microbiologiques, physico-chimiques et des contrôles de qualité réalisés à tous les stades de la transformation.
Le lait et produits laitiers du colportage témoignent de mauvaises conditions hygiéniques lors de la traite et au cours du transport et du stockage et engendrent des contaminations d’ordre pointu. A noter que ce lait informel provient essentiellement des élevages où la traite est faite de façon traditionnelle. Par ailleurs, ce secteur informel entrave les efforts de modernisation des processus de production et de mise sur le marché des produits laitiers conformes fabriqués dans le respect des bonnes pratiques d’hygiène, de la chaîne de froid, des contrôles stricts de qualité et des mesures de traçabilité.
ISOLAB, Mai 2017
Références:
1. Vidailhet M. et al. Le lait de vache serait-il dangereux pour la santé des enfants ? Arch Pediatr 2008. In press.
2. L’economiste. Abdelaziz GHOUIBI | Edition N°:4531 Le 22/05/2015
3. Pascal NYABINWA. Les performances de la filière laitiere périurbaine de la ville de Kigali (Rwanda). UCAD-EISMV – MAster’s Degree 2011
4. Mustapha BOUZAID, Rachid CHATOUI, Aziz HASIB, Zakaria MENNANE. Qualité hygiénique du lait de colportage prélevé des points de vente de la ville de Casablanca. Faculté des sciences et techniques Béni Mellal, Laboratoire de valorisation et de sécurité des produits agro-alimentaires.
5. Conférence les qualités et bienfaits du lait et produits laitiers. Mohamedia, Maroc. 24 Mai 2017.
6. Thierry Souccar. Lait et santé : ce que disent les études scientifiques. Février 2009.